Dans l’univers des drones grand public, une tendance est claire : les marques et les influenceurs sponsorisés par elles mettent en avant des termes techniques impressionnants.
Ces mots font rêver, donnent un sentiment de professionnalisme, mais dans la pratique, la plupart des pilotes amateurs ne les utiliseront jamais vraiment. Résultat : on paie son drone plus cher pour des fonctionnalités qui ne serviront pas ou très peu.
Les drones et leur jargon technique : du rêve vendu au kilo
Si vous avez déjà regardé une vidéo d’influenceur spécialisé dans les drones, vous avez sans doute remarqué une constante : ça parle comme dans un tournage de cinéma à Hollywood. On nous vante le “D-Log”, les “capteurs d’obstacles omnidirectionnels”, la “caméra 8K” ou encore les “modes de vol intelligents”. Ça claque, ça fait pro, mais dans la vraie vie ?
La plupart des utilisateurs de drones se contentent d’allumer leur machine, de décoller au-dessus d’un champ ou d’une plage, et de filmer deux ou trois plans avant de rentrer. Autrement dit : tout ce jargon technique, c’est surtout du marketing pour faire gonfler la facture.
Le cas du D-Log : un mot qui sonne “pro”
Prenons l’exemple du fameux D-Log. Rien que le nom donne l’impression de tenir entre les mains un outil réservé aux réalisateurs de cinéma. En réalité, c’est simplement un profil colorimétrique plat, destiné à être retravaillé ensuite sur des logiciels de montage.
Problème : neuf acheteurs sur dix n’ouvriront jamais DaVinci Resolve ou Premiere Pro. Ils veulent des images jolies tout de suite, prêtes à poster sur Instagram. Autant dire que cette fonctionnalité restera désactivée dans les menus, mais elle aura quand même servi à justifier le prix du drone.
Sachant que sur les derniers modèles comme le Mavic 4 Pro, Air 3S ou encore le Mini 5 Pro, le logiciel intégré au drone traite directement les images dans l’appareil pendant l’enregistrement afin de donner un meilleur rendu. Si vous utilisez un format Log, vous pourrez lui appliquer des LUTS en post production, qui sont des fichiers qui équilibrent et donnent des couleurs, du contraste à ces vidéos.
Vous vous doutez bien que de nombreux influenceurs vendent leurs propres LUTS (pour vous aider bien entendu) et au final vous pourrez voir qu’il n’y a que peu de différence avec la vidéo de base enregistrée au format « normal »… juste plus poussée en couleurs ou saturation. Heureusement, vous pouvez trouver des LUTS gratuits et vérifier tout ceci vous-même mais il vous faudra un logiciel de traitement pour pouvoir faire la manipulation et là aussi, les plus chers sont mis en avant avec des fonctions supplémentaires qui sont encore payantes !
Vous l’aurez compris, derrière ce mot Log, il y a beaucoup d’achat complémentaire à faire avec les LUTS ou les logiciels de montage qui comprennent des options payantes, on est bien dans un monde marketing qui concerne à la base les professionnels de l’audiovisuel, pas l’utilisateur lamda.
Les capteurs d’obstacles : sécurité ou gadget ?
C’est quoi ? Des petits radars ou caméras qui détectent ce qui entoure le drone pour éviter les collisions
Dans la réalité ? Très utiles en théorie… sauf que la plupart des pilotes font voler leur drone en champ libre, dans un parc, en bord de mer ou à la campagne. Les risques de collision avec un mur ou un arbre sont rares si l’on pilote prudemment
La limite ? Ces capteurs se désactivent souvent automatiquement en mode sportif ou quand vous voulez vraiment profiter du plein potentiel du drone
Encore une fois, c’est rassurant sur le papier, mais rarement décisif en pratique.
Les capteurs d’obstacles, sont présentés comme des anges gardiens électroniques. Grâce à eux, on est censé voler en toute sécurité, sans craindre l’arbre, le mur ou le poteau. En pratique, la plupart des gens font voler leur drone dans des espaces dégagés.
En pratique, ces capteurs préviennent et aident les pilotes, mais ne sont en aucun cas sûrs à 100%, alors qu’ils sont souvent une fonction prioritaire quand un pilote veux acheter un drone. On vous a fait un article sur le sujet (les capteurs d’obstacles) qui vous explique tout ceci et vous verrez que même s’ils ont beaucoup évolués, leurs réelle utilisation reste minime.
Pour finir, ceux qui veulent vraiment de la vitesse ou de la liberté se retrouvent à désactiver ces capteurs parce qu’ils limitent les manœuvres et la vitesse du drone. Conclusion : on paye cher un drone pour options que l’on utilise rarement.
La 6K ou 8K : résolution ou argument commercial ?
Les caméras de drones proposent désormais du 5,4K, du 6K voire du 8K.
C’est quoi ? Une résolution ultra élevée pour capturer des détails fins
Dans la réalité ? La majorité des utilisateurs filment et partagent en 1080p ou au mieux en 4K. Peu de gens possèdent un écran 8K pour en profiter. Filmer en très haute résolution prend surtout beaucoup plus d’espace de stockage
Encore un chiffre qui impressionne, mais qui n’apporte pas forcément de meilleures images.
La grande course aux pixels. 6K, 8K, bientôt 12K… Les fabricants rivalisent pour savoir qui aura le chiffre le plus gros. Mais qui possède aujourd’hui un écran 8K pour admirer ces images ? Personne, ou presque.
Et pendant ce temps-là, la majorité des vidéos finissent compressées sur YouTube ou TikTok en 1080p. Filmer en 8K, c’est donc surtout remplir ses cartes mémoire à la vitesse de l’éclair et se féliciter d’avoir payé cher pour une fonction inutile.
Idem du côté des photos avec les Mégapixels, on vous fait aussi un article complet sur le sujet, qui vous explique à quoi ils servent vraiment et comment les utiliser (les Mégapixels à quoi ça sert?).
Les “temps de vol records”
Les fiches techniques mettent aussi en avant des temps de vol alléchants : 54, 46, 40 minutes…
Dans la réalité ? Ces chiffres sont obtenus dans des conditions idéales : pas de vent, vitesse réduite, température parfaite et en laboratoire
Ce qu’on obtient vraiment ? En usage normal, un vol dure plutôt 25 à 30 minutes, il faut donc enlever en moyenne 20% des chiffres annoncés
Un bel argument de vente, mais rarement représentatif du quotidien.
Autre exemple savoureux : l’autonomie annoncée. Sur les fiches techniques, on lit fièrement 54 ou 51 minutes de vol. Sauf qu’en conditions réelles, avec un peu de vent, quelques accélérations et une petite frayeur en voyant la batterie chuter, on se retrouve avec 25 à 30 minutes. Mais 54, ça sonne mieux dans une vidéo sponsorisée, non ?
Prenez l’habitude d’enlever 20% sur ces chiffres au minimum pour avoir des données vraiment réelles.
Les modes automatiques spectaculaires
Les drones proposent des modes comme Follow Me, Point of Interest, MasterShots , Quickshots ou encore Hyperlapse…
C’est quoi ? Des séquences automatisées où le drone filme tout seul.
Dans la réalité ? On les teste deux ou trois fois… puis on revient au mode manuel ou semi-automatique pour avoir le contrôle.
Des fonctions “wahou” pour vendre, mais qui finissent souvent inutilisées.
Enfin, il y a les fameux modes automatiques “wahou”. MasterShots, Hyperlapse, Follow Me… Ces options qui transforment un vol en séquence hollywoodienne sont souvent testées une fois ou deux, juste pour impressionner les copains. Ensuite, elles dorment dans le menu pendant que vous filmez de façon classique. Mais là encore, ça fait vendre.
Alors, que faut-il vraiment regarder avant d’acheter un drone ?
Plutôt que de se laisser séduire par le jargon marketing, mieux vaut se concentrer sur :
La simplicité d’utilisation (ergonomie, application intuitive).
La qualité d’image en mode automatique (ce que vous utiliserez le plus).
La portabilité (taille, poids, facilité à transporter).
L’autonomie réelle et surtout la disponibilité de batteries supplémentaires.
Le prix des accessoires (souvent oubliés, mais indispensables).
Au final, le marché du drone grand public ressemble à une immense vitrine où chaque nouvelle sortie doit avoir son petit mot magique. Plus c’est technique, mieux ça passe. Le problème, c’est que derrière cette avalanche de termes sophistiqués se cachent surtout des fonctions qui n’intéressent pas grand monde. On se retrouve donc à payer cher pour des gadgets qu’on utilisera peu, voire jamais.
Alors avant de craquer pour le dernier modèle en vogue, une petite question mérite d’être posée : est-ce que vous voulez vraiment jouer au réalisateur hollywoodien avec étalonnage colorimétrique et séquences automatisées, ou est-ce que vous voulez juste filmer de beaux souvenirs sans prise de tête ?
Dans le premier cas, foncez, ces fonctions sont pour vous. Dans le second… gardez votre argent, vous n’avez pas besoin d’un dictionnaire marketing volant.
Les marques de drones, aidées par des influenceurs, savent très bien utiliser des termes techniques pour créer de la valeur perçue. Pourtant, pour 80 % des utilisateurs, ces fonctionnalités sont soit inutilisées, soit anecdotiques.
Avant d’acheter, posez-vous la question : de quoi j’ai réellement besoin ?