Le Mavic 4 Pro est une évolution majeure en matière de traitement d’image photo/vidéo : résolution nettement supérieure, plus de flexibilité créative grâce au nouveau gimbal, une meilleure plage dynamique, et un format vidéo ALL‑I haut débit.
Par contre, certains utilisateurs signalent des défis de post-production, notamment sur les machines Apple avec le format ALL‑Intra contrairement au ProRes du Mavic 3 Pro Cine qui reste plus universel en workflow vidéo.
Les DJI Mavic 4 Pro et Mavic 3 Pro diffèrent de manière significative au niveau de l’ISO natif et du traitement interne des images, deux éléments essentiels à la qualité finale des photos et vidéos, surtout en conditions difficiles comme la basse lumière ou les scènes très contrastées. Nous allons regarder de plus prés ces différences.
Les objectifs des 2 Mavic
Commençons par regarder les objectifs que l’on retrouve sur ces drones, chacun en possède 3 et regardons les différences.
Caméra principale
Mavic 3 Pro : capteur 4/3 Hasselblad de 20 MP (équivalent 24 mm), vidéo jusqu’à 5.1K à 50 fps, D‑Log M, HLG, codage H.264/H.265 (10‑bit H.265)
Mavic 4 Pro : capteur 4/3 Hasselblad de 100 MP (équivalent 28 mm, réglable en RAW 25 MP), vidéo 6K jusqu’à 60 fps, 4K à 120 fps en slow‑motion, supports D‑Log/D‑Log M/HLG en 10‑bit avec débit jusqu’à 180 Mb/s (avec Creator Combo : ALL‑I à 1200 Mb/s, 10‑bit 4:2:2)
Objectifs secondaires (téléphoto et moyen-téléphoto)
Mavic 3 Pro : téléobjectif 7× à 12 MP (1/2), moyen-téléphoto 48 MP (1/1.3), vidéo 4K à 60 fps
Mavic 4 Pro : moyen-téléphoto 48 MP (1/1.3) et téléobjectif 50 MP (1/1.5), tous deux avec enregistrement 4K à 120 fps, D‑Log/D‑Log M/HLG 10‑bit.
Résultats vidéo légèrement plus nettes sur le Mavic 4 Pro et le deux objectif 70 et 168mm, plus une meilleure dynamique/
Traitement d’image et gestion basse lumière
Mavic 3 Pro : performances solides avec D‑Log M, couleurs Hasselblad flat, omnidirectional obstacle avoidance.
Mavic 4 Pro : dual-native ISO sur tous les objectifs, meilleure plage dynamique (~16 stops), couleur naturelle Hasselblad, nouveaux modes panoramas et empilement RAW (stacking) pour HDR/mode nuit
Qu’est-ce que l’ISO natif ?
L’ISO natif est la sensibilité à la lumière « de base » du capteur, là où l’image est la plus propre, avec le moins de bruit et la meilleure plage dynamique. Un système à double ISO natif (dual native ISO) permet au capteur de fonctionner comme s’il avait deux « valeurs idéales » de sensibilité, chacune optimisée pour des conditions différentes :
Une ISO « basse » pour les scènes bien éclairées (plein jour)
Une ISO « haute » optimisée pour les scènes sombres (nuit, intérieur), sans ajouter artificiellement du gain (et donc du bruit)
C’est une technologie héritée du cinéma professionnel (comme sur les caméras Panasonic, Sony Venice, etc.).
Mavic 3 Pro : ISO natif et traitement interne
ISO natif
Le capteur Hasselblad 4/3 du Mavic 3 Pro a un ISO natif unique (autour de ISO 100-400, selon les profils colorimétriques)
Il ne dispose pas de dual ISO natif
Résultat : en basse lumière, il faut augmenter artificiellement l’ISO avec l’apparition de bruit numérique, perte de détail, et moindre plage dynamique
Traitement interne
Le traitement est très bon, mais classique :
Réduction de bruit modérée
Bon rendu colorimétrique (Hasselblad Natural Colour Solution)
D-Log M 10-bit : profil plat pour l’étalonnage
Il n’y a pas de traitement adaptatif poussé selon la scène (par exemple, pas d’empilement automatique de frames pour réduire le bruit comme sur les derniers modèles)
Mavic 4 Pro : Dual ISO natif et traitement interne avancé
ISO natif
Le Mavic 4 Pro introduit un vrai « dual native ISO » sur chacun des 3 objectifs (grand-angle, télé, moyen-télé)
Cela veut dire que le capteur commute physiquement entre deux circuits de gain différents, selon la lumière disponible
Par exemple : ISO natif à 100 et 800 (ou 1600) (valeurs exactes non publiées, mais confirmées par les retours terrain et sites techniques)
Résultat : moins de bruit à ISO élevés, meilleure plage dynamique même en basse lumière
Le drone choisit automatiquement le circuit ISO optimal en vidéo (sauf en RAW photo où on peut le gérer plus directement)
Traitement interne
Le traitement embarqué du Mavic 4 Pro va beaucoup plus loin que celui du Mavic 3 Pro :
a) Réduction de bruit intelligente
Utilise du stacking d’images en temps réel (comme ce que fait Google sur ses téléphones Pixel), ce qui permet :
Moins de bruit
Plus de détails dans les ombres
Meilleure fidélité des couleurs en ISO élevé
b) Plage dynamique étendue
Jusqu’à 16 stops de plage dynamique estimée, grâce au traitement HDR natif et à l’encodage 10-bit
Le profil D-Log M du Mavic 4 Pro est plus souple à étalonner (meilleure séparation des tons foncés / clairs que sur le Mavic 3 Pro)
c) Empilement RAW en photo (multi-frame RAW stacking)
En photo, le Mavic 4 Pro prend plusieurs images RAW quasi simultanées, les aligne et les combine pour réduire le bruit
Cela améliore les photos de nuit sans intervention en post-production
d) Optimisation par IA (scène et sujet)
Reconnaissance intelligente du type de scène (ville, forêt, ciel, etc.)
Réglage automatique du contraste, de la balance des blancs et de la netteté selon le sujet (pour les modes automatiques ou semi-auto)
En pratique, qu’est-ce que ça change ?
Situation | Mavic 3 Pro | Mavic 4 Pro |
---|---|---|
Photo de nuit | Bruit élevé dès ISO 800+, perte de détail | Beaucoup plus propre à ISO 1600–3200, plus de détails |
Vidéo en basse lumière | Bruit visible, plage dynamique réduite | Image propre, contrastes mieux préservés |
Postproduction | D-Log M 10-bit OK mais pas très souple | D-Log M avec meilleure latitude d’étalonnage |
Image automatique | Excellente mais parfois fade ou bruitée | Plus dynamique, traitement plus intelligent |
Plage dynamique | 12–13 stops environ | Jusqu’à 16 stops (grâce au stacking et au dual ISO) |
Comparatif simple
Imaginez deux yeux humains :
Le Mavic 3 Pro a un seul œil, très bon, mais il doit forcer pour voir dans l’obscurité
Le Mavic 4 Pro a deux yeux spécialisés : un pour le jour, un pour la nuit. Il peut changer en temps réel, et a un cerveau (traitement IA) qui corrige les couleurs, réduit le bruit et équilibre les contrastes avant même de retoucher quoi que ce soit
Et en vidéo ça change quoi ?
Pour bien comprendre comment DJI traite les images en interne, il faut aussi comprendre les formats de compression vidéo utilisés. Ces formats déterminent :
la qualité de l’image enregistrée,
le poids des fichiers,
la souplesse de montage/étalonnage,
et la charge pour l’ordinateur.
Les 3 formats à connaître chez DJI
Format | Utilisé sur… | Compression | Qualité d’image | Taille de fichier | Facilité de montage |
---|---|---|---|---|---|
H.265 (HEVC) | Mavic 3 Pro, Mavic 4 Pro | Fortement compressé (Long-GOP) | Bonne | Légère | Moyenne à difficile |
Apple ProRes | Mavic 3 Pro Cine | Légère (Intra-frame) | Excellente | Élevée | Très facile |
ALL-I (Intra) | Mavic 4 Pro (Creator Combo) | Compression intra-image | Excellente | Très élevée | Très facile |
H.265 (HEVC) :
Codec très efficace qui compresse fortement les vidéos
Utilise un système Long-GOP : seules certaines images (keyframes) sont complètes ; les autres sont reconstruites à partir de différences
C’est un peu comme une BD où on ne dessine pas chaque case, mais juste ce qui change
Avantages :
Fichiers légers
Très bon pour l’enregistrement long et le stockage
Inconvénients :
Difficile à décoder pour le montage (surtout sur PC ou machines peu puissantes)
Moins adapté à l’étalonnage poussé : apparition de banding, artefacts dans les dégradés, notamment dans les profils log (D‑Log M)
Compression visible dans les zones très détaillées ou en mouvement rapide
Apple ProRes (Mavic 3 Pro Cine uniquement):
Codec professionnel largement utilisé dans le cinéma
Compression intra-frame : chaque image est encodée indépendamment
Cela donne un fichier beaucoup plus lourd, mais avec une qualité constante image par image
Avantages :
Qualité visuelle très haute
Étapes d’étalonnage plus précises et propres
Très fluide en montage, même sur Mac ou PC pros
Idéal pour les workflows professionnels (color grading, VFX, etc.)
Inconvénients :
Fichiers très lourds (jusqu’à 2 Go pour 10 secondes en 4K)
Nécessite une carte mémoire SSD et un PC/Mac avec beaucoup d’espace disque
ALL-I (Intra-frame) Mavic 4 Pro Créator :
Un codec intra-frame, comme ProRes, mais plus standardisé, basé sur H.265
Chaque image est compressée individuellement (contrairement au Long-GOP)
Bitrate jusqu’à 1200 Mb/s (plus que ProRes standard dans certains cas)
Avantages :
Images très nettes, sans artefacts de groupe
Montage beaucoup plus fluide qu’en H.265 Long-GOP
Excellente qualité pour étalonnage
Permet du ralenti propre en 4K 120 fps
Inconvénients :
Peu optimisé sur certains logiciels Apple (Final Cut, QuickTime) : les fichiers peuvent buguer ou mal s’afficher
Poids des fichiers importants
Nécessite le combo Creator (plus cher) pour en bénéficier
En pratique, lequel choisir ?
Besoin | Recommandé | Format |
---|---|---|
Usage loisir, YouTube, voyage | ✅ | H.265 |
Vidéo pro, documentaire | ✅✅ | ProRes (M3 Pro Cine) ou ALL‑I (M4 Pro Combo) |
Montage fluide, color grading | ✅✅✅ | ProRes ou ALL‑I |
Gérer peu de stockage | ✅ | H.265 |
Meilleur rendu 4K 120 fps | ✅✅ | ALL‑I (Mavic 4 Pro) |
Pour Conclure
Le Mavic 3 Pro Cine donne accès au ProRes, qui reste aujourd’hui le plus stable et le plus universel pour le montage pro
Le Mavic 4 Pro Creator Combo avec ALL‑I offre une qualité comparable voire supérieure dans certains cas, mais attention à la compatibilité avec Final Cut ou macOS, comme signalé par des utilisateurs
Et pour finir, nous avons êtes les premiers surpris par la qualité des images enregistrées (photo/vidéo) et JPEG ou Normal, par le DJI Mavic 4 Pro. Nous qui sommes habitués à retravailler les fichiers via des logiciels, nous avons rapidement vu que cela ne servait quasiment à rien avec ce drone !
Seul, lorsque nous sommes en très faible luminosité les formats RAW ou D-Log nous permettent de faire remonter les parties sombres en dégradant moins la qualité des images, mais vu que le drone le fait aussi en interne via le double ISO natif, il n’y a pas beaucoup d’écart.