Le DJI Mini 5 Pro était attendu comme une évolution majeure dans la gamme des drones « mini » : capteur plus grand, modes vidéo améliorés, détection d’obstacles plus sophistiquée… mais dès les premiers essais on pointe des limites importantes qui pourraient tempérer l’enthousiasme. C’est rare venant de DJI mais le Mini 5 Pro a beaucoup fait parler de lui avant sa sortie et il n’apporte rien de vraiment nouveau !
Voici une synthèse des aspects les plus décevants.
promesses et premières désillusions
L’un des premiers points de tension concerne le poids réglementaire. Depuis toujours, les drones Mini de DJI jouent sur le seuil des 249/250 grammes, ce qui dans de nombreux pays permet d’éviter des démarches administratives, des enregistrements ou des restrictions de vol. Or nous sommes devant un Mini 5 Pro qui pèse plus de 250g, certes cela se joue à 3 ou 4 grammes près, mais DJI joue avec le feu ! Sachant que dans certain pays il est vendu avec les batteries « plus » (ce qui n’est pas le cas pour la France) et que ces batteries sont les mêmes que celle des Mini 3, Mini 3 Pro et Mini 4 Pro.
Alors qu’elles s’installent toutes dans les différents mini drones (Mini 3, 3 Pro ou 4 Pro), mais certaines fonctionnent et d’autres pas, et surtout DJI confirme qu’ils n’assurent pas les vols avec des batteries non testées avec l’appareil. On avait déjà ça sur les fameuses batteries « plus » vendues pour les Mini 3, Mini 3 Pro et Mini 4 Pro, beaucoup d’utilisateurs expliquaient qu’après quelques minutes de vols elles se retrouvaient vidées complétement ! Certains ont vu leurs drones couper et tomber comme des feuilles, donc notre conseil, évitez de les utiliser sinon soyez prêt à en assumer la chose.
Sachant que le Mini 5 Pro est très gourmand en énergie et on se retrouve très vite avec un retour RTH qui se déclenche alors qu’il reste 25% de batterie après 17mn de vol ! Donc pour un drone dernière génération, il vole moins longtemps qu’un simple Mini 3 qui coûte presque 3 fois moins cher… une grosse déception pour un drone qui annonçait bien fort des temps de vols autour de 50mn comme le Mavic 4 Pro. Sachant que ceci était annoncé avec les batteries « plus », homologuées par DJI mais la pirouette c’est qu’elles ne sont pas vendues en Europe et surtout qu’elles font passer le drone à plus de 250g, donc avec l’obligatoire de l’enregistrer sur Alphatango.
Ca fait déjà beaucoup de déceptions pour ce drone et pas des moindres, mais regardons le reste en détail et vous allez voir que cela ne s’arrête pas là !
Les attentes non concluentes
Parmi les aspects très attendus qui ne sont pas (ou pas encore) à la hauteur :
La robustesse au vent : comme toujours avec les drones légers, le Mini 5 Pro souffre lorsque les rafales ou le vent sont plus présents. Le maintien de position, la stabilité de la caméra, et les transitions de mouvements deviennent plus compliquées comparé à un Air ou un Mavic
Le mode “Med-Tele” (équivalent 48 mm) est salué sur le papier, mais certains tests montrent que le “zoom numérique optimisé” perd en qualité ou en netteté dès que l’on s’éloigne du centre, ou que les aberrations de l’optique du traitement deviennent visibles, pas aussi bon que sur la Osmo Pocket 3
Les fonctionnalités LiDAR, bien qu’innovantes sur cette gamme, ne sont pas encore totalement rodées : des détections d’obstacles moins fiables selon l’angle lumineux, certains scénarios nocturnes ou en contre-jour
Le mode ActiveTrack 360° amélioré est présent sur la fiche technique, mais dans les retours initiaux, l’algorithme n’est pas parfait : des coupures, des hésitations dans le suivi, des pertes de sujet quand celui-ci entre dans des zones à faible contraste ou derrière des objets
- Si on rajoute à tout ceci un bouton sur le côté (comme celui présent sur le Flip ou le Neo), sensé servir à changer les modes de suivi mais qui ne sert à rien ! Oui, vous avez bien lu, ce bouton ne sert à rien alors qu’il est présent sur le drone… ce bouton résume à lui seul le DJI Mini 5 Pro
En fait, ce bouton sert au Quick Transfert mais on pouvait déjà le faire avec le bouton principal… on sait que ce bouton servira quand les protections d’hélices seront disponibles à la vente pour des vols autonomes (comme avec le Neo ou le Flip), mais là encore, aucune communication de la part de DJI. Cela nous rappelle l’histoire des filtre ND électronique du Mavic 4 Pro, qui ne sont toujours pas arrivés, 4 mois après la sortie de l’appareil.
Les côtés positifs
On va laisser notre déception un peu de côté et regardez les points positifs que ce Mini 5 Pro propose.
- sa caméra de 1 pouce (14 STOPS) est une belle évolution (le capteur du Air 3S), mais on l’avait déjà en 2021 sur un Air 2S qui est toujours très bon et que l’on peut trouver autour de 500/600€ sur le marché de l’occasion (soit 2 fois moins cher)
- son chargeur (vendu sur les pack combo) qui peut servir de chargeur autonome (comme celui de Mavic 4 Pro)
- les hélices qui se coincent et évitent aux ailes de bouger dans tous les sens + leurs remplacements (comme sur les Air 3/3S et Mavic)
- la transmission avec l’OcuSync 04+ (comme sur le Mavic 4 Pro) même s’il y a très peu dévolution avec le version 04
- disque dur interne de 42Go (comme sur le Air 3S) qui permet d’enregistrer des photos et des vidéos sans carte SD
- RTH amélioré qui permet d’actualiser simplement l’emplacement en cas de déplacement du pilote (comme sur les Air et Mavic)
- compatible avec la radiocommande RC Pro 2, même si DJI ne communique pas sur la chose (encore un loupé et un manque de respect envers les clients)
- la rotation de la caméra (comme sur le Mavi 4 Pro), une chose qui ne vous servira quasiment jamais
Voilà les points positifs du Mini 5 Pro et lorsque vous les reprenez un par un, vous allez vous rendre compte qu’il n’y a vraiment aucune nouveauté, puisque ces points sont déjà présents sur d’anciens drones de la marque.
La « vraie » nouveauté et le tour de force de DJI, c’est d’avoir réussi à mettre tout ceci sur un drone C0, inférieur à 250g… même s’il ne faut pas regarder de près le poids 😉
Et la suite !
Les premiers tests et retours montrent aussi des compromis, des faiblesses, ou des éléments où le Mini 5 Pro n’est pas (encore) terminé:
Même si le poids officiel est de 249,9 g, plusieurs testeurs soulignent que selon le lot, les accessoires, la batterie ou les conditions, on peut dépasser légèrement ce seuil, cela peut avoir des conséquences sur la réglementation selon les pays. Après nous n’avons pas à sortir notre balance et à s’inventer contrôleur d’homologation… si DJI vend un drone de classe C0, inférieur à 250 grammes, nous pouvons nous retourner contre lui en cas de procédures suite à un sinistre.
L’autonomie réelle est souvent bien inférieure à celle annoncée lorsqu’on utilise des fonctions exigeantes (vent, suivi, ActiveTrack, LiDAR, profils 10-bit, etc.). Le chiffre de 36 minutes est un maximum dans des conditions optimales est vraiment exagéré, puisque lors de nos test le RTH s’est déclenché après 17mn de vol
En pack combo, vendu avec des accessoires (filtres ND, batteries supplémentaires…) on remarque que les 3 filtres ND passent de 8, puis 32 et 128 ! Ou est passé le 64 qui est bien plus utile qu’un 8 ?
Performances en lumière faible, même si le capteur 1 pouce aide, les artefacts de bruit, le grain, les détails dans l’ombre restent présents, surtout si tu pousses l’ISO ou dans des scènes très contrastées
Stabilité au vent, les drones légers restent sensibles aux rafales. Le Mini 5 Pro améliore à peine, mais ne rivalise pas avec les drones plus lourds dans des conditions venteuses fortes comme les Air ou Mavic
Complexité des fonctions avancées et certaines nouvelles fonctions comme ActiveTrack 360°, LiDAR, ou le suivi “auto” demandent souvent plusieurs mises à jour firmware pour corriger des bugs, des hésitations, ou des imprécisions repérées dans les tests initiaux. Ce n’est pas rare que le suivi perde le sujet ou “tremble” derrière un obstacle, etc
Faut-il l'acheter ?
Si vous possédez un Mini 4 Pro faut-il l’acheter ?
Si on utilise majoritairement le drone pour des usages simples ou standards, où la vidéo 4K/60 fps suffit, et on ne réalise pas de scènes complexes sombres ou de nuit (sachant que les vols de nuits sont interdits sauf autorisation), garder le 4 pro
Il vaut mieux allouer la différence des prix dans des accessoires ou de meilleures batteries plutôt que dans le drone lui-même, garder le 4 pro
Si on vole souvent dans des régions où la réglementation est stricte sur le poids, ou si on veut être sûr d’être toujours en dessous du seuil de 250g et ne pas prendre de risque de dépasser, garder le 4 pro
Mis à part le LiDAR, toutes les fonctions embarquées du Mini 5 Pro sont déjà présentes, donc garder le 4 pro
Alors pour qui ?
Le Mini 5 Pro s’adresse à ceux qui veulent se lancer dans le drone et qui ont la chance d’avoir un budget autour de 1000€.
Si vous possédez déjà un drone Mini comme un 3, 3 Pro, 4 Pro ou même un Flip, pensez plutôt acheter un Air 2S qui a aussi un capteur 1 pouce comme le Mini 5 Pro. Si vous avez un budget plus élevé, regardez vers un Air 3S, sachant que la gamme Air est beaucoup plus résistante au vent et ces drones sont plus rapides qu’un Mini.
De plus avec un Air 3S vous aurez un second objectif de 70mm et pas un 48mm numérique comme le Mini 5 Pro, sans dégradation des captures d’images. Avec un Air 3S vous pourrez voler 35mn sans problème avec une batterie, soit 10mn de plus qu’avec un Mini 5 Pro.
Conclusion
Si je devais donner un verdict, le Mini 5 Pro semblait être une évolution significative, mais le soufflet est vite tombé après sa sortie. Si vous avez un Mini 4 Pro, il n’y a que très peu de différences alors qu’on nous annonçait une révolution.
IL A TOUT MAIS IL NE SERT VRAIMENT A RIEN !
DJI semble avoir sorti ce Mini 5 Pro suite aux diverses demandes des dronistes qui demandaient un capteur 1 pouce sur un Mini, ce qui ont fait. Le résultat c’est que de vouloir mettre toujours plus sur un petit drone, on finit par jouer sur le fil les règles et les fonctions embarquées.
Ce drone n’est pas mauvais, mais au final il n’apporte rien de nouveau et je préfère acheter un Mini 3 avec lequel je pourrais voler dans des lieux restreints niveau règles + un Air 2S pour avoir un capteur de 1 pouce… sachant que les capteurs de collisions ne sont pas fiables à 100% et que le mode de suivi nous sert vraiment que très peu au final. Je paierais ces 2 drones autour de 1000€ d’occasion, ce qui est le prix du Mini 5 Pro.
Comme vous le savez, nous achetons tous nos drones et ne sommes pas obligés d’être sur la retenue quand on parle d’un modèle. Nous avons passé de bons moments à rire en regardant certaines vidéos de vlogeurs et influenceurs parlant de ce Mini 5 Pro et cherchant leurs mots pour en dire du bien… on comprends ceux qui vivent de ça et sont obligés de valider pour continuer à recevoir la prochaine nouveauté de la marque. On leurs souhaite beaucoup de courage 😉
On continue nos tests avec le Mini 5 Pro et on vous mettra en ligne prochainement une vidéo pour vous montrer tout ce qu’on vient de vous expliquer.
