Avec la démocratisation des drones, les menaces liées à leur usage détourné n’ont cessé de croître : survols illégaux, espionnage, trafic, voire atteintes à la sécurité nationale.
Face à cette réalité, une nouvelle entité est née dans plusieurs pays : la police anti-drone, aussi appelée unité de lutte anti-drones. Mais qui sont ces agents de l’ombre et quelles sont exactement leurs missions ?
Pourquoi une police anti-drone ?
Les drones grand public sont devenus accessibles, puissants et parfois difficiles à détecter. Cela a ouvert la voie à de nouveaux types de délits :
Survols de zones sensibles (centrales nucléaires, aéroports, prisons…)
Espionnage industriel ou militaire
Transport illicite de drogues ou d’objets interdits
Atteintes à la vie privée
Risques pour la sécurité aérienne lors d’événements ou à proximité des pistes
Pour répondre à ces risques, des unités spécialisées ont été mises en place au sein des forces de l’ordre, notamment en France sous l’égide de la Gendarmerie nationale, mais aussi dans des polices municipales de grandes villes ou dans le cadre d’opérations temporaires.

Les missions de la police anti-drone
Les agents de la police anti-drone ont des missions précises et souvent stratégiques :
1. Détection des drones non autorisés
Ils utilisent des radars spécifiques, des caméras thermiques, des capteurs radiofréquences ou acoustiques pour repérer les drones dans un rayon de plusieurs kilomètres.
2. Identification du type de drone et de l’opérateur
Une fois le drone détecté, l’équipe doit rapidement déterminer s’il s’agit d’un appareil autorisé, civil, militaire, ou s’il représente une menace potentielle. Certains systèmes permettent de localiser le pilote en temps réel.
3. Neutralisation ou interception
S’il est avéré qu’un drone constitue un danger, les agents peuvent utiliser plusieurs méthodes pour le neutraliser :
Brouillage de signaux GPS ou radio (technique de jamming)
Piratage de contrôle (spoofing) pour prendre la main sur l’appareil
Utilisation de drones intercepteurs (drones chasseurs)
Filets ou fusils anti-drone pour une interception physique
4. Protection de sites sensibles et sécurisation d’événements
La police anti-drone est régulièrement mobilisée lors d’événements à forte affluence (Jeux Olympiques, sommets internationaux, concerts, visites présidentielles) pour empêcher tout survol non autorisé.
Les outils et technologies utilisés
Systèmes de surveillance : radars 3D, systèmes RF (radiofréquence), optiques, LIDAR
Logiciels d’analyse : pour cartographier les trajectoires, prédire les intentions et alerter en temps réel
Canons à ondes électromagnétiques : permettant de désactiver les drones sans les détruire
Drones chasseurs : agiles et rapides, capables de capturer d’autres drones avec des filets
Quels sont les enjeux légaux et éthiques ?
Neutraliser un drone dans l’espace aérien n’est pas un acte anodin. Il faut respecter un cadre juridique très strict, souvent défini par la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) et les lois sur les communications. De plus, certains dispositifs de brouillage peuvent interférer avec d’autres technologies civiles.
Les questions de vie privée sont également au cœur du débat, tant du côté des citoyens que des autorités. Toute intervention doit être proportionnée, encadrée et justifiée par un risque réel.
Un secteur en pleine évolution
Le marché de la lutte anti-drone explose, et les polices du monde entier investissent massivement dans ce domaine. En France, la Gendarmerie teste depuis plusieurs années des solutions innovantes en partenariat avec Thales, CS Group, Cerbair ou encore Airbus. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) est également impliquée dans la sécurisation des systèmes contre les cyber-menaces.
Pour Conclure
Face à des drones toujours plus nombreux et performants, la police anti-drone s’impose comme un rempart indispensable à la sécurité des espaces sensibles.
Avec des technologies de plus en plus sophistiquées, ces nouvelles brigades de l’air œuvrent dans l’ombre pour que nos cieux restent sûrs.